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samedi 24 janvier 2009

Mouche de la carotte dans le potager


Au retour des vacances de Noël, j'ai constaté les dégâts causés par la mouche de la carotte dans les racines qui étaient restés au sol. Je les ai sorti et trié afin d'éviter la progression de l'infestation. Car elle était en progression malgré la fraicheur de ce mois de janvier, je ne croyais pas à mes yeux en voyant des petites mouches qui s'élevaient du sol pendant l'arrachage : à vrai dire, je reste encore perplexe, mais ce fait reste en rapport avec l'activité continue de pucerons cendrés et piérides du chou dans le jardin.

La plupart des racines arrachés étaient attaquées (60-70%), ces attaques ont commencé depuis octobre et ils ont du s'intensifier en novembre, période pendant laquelle j'ai commencé à être moins présent (manque de lumière oblige). L'invasion m'est ainsi passée sous les yeux, croyant que les fanes des carottes devaient jaunes uniquement à cause du froid. Encore plus étonnant puisque en mai-juin, nous n'avons pas eu d'attaque alors que c'est la pleine saison de la mouche de la carotte. Je suis "vert" car si je les avait mis en silo à l'automne, elles auraient été beaucoup moins attaquées.

Sur les trois variétés présentes de carottes (Chantenay à coeur rouge, Touchon et Violette Rouge Sang), les plus attaquées ont été les Touchon et les moins attaquées, les Chantenay. Les semis de septembre-octobre avec des Nantaise sont aussi touchés, je me demandais si un éclaircissage des pieds malades suffirait ou s'il faudrait tout enlever. Dans tous les cas, il faudrait retourner la planche avant fin avril, date de sortie de la première génération de mouches, afin de les détruire dans le sol.

J'ai fait quelques recherches sur les méthodes de lutte bio, plus ou moins "douces". Voici quelques éléments :

1. Rotation : il faudrait inclure le calendrier de la mouche dans la réflexion sur l'organisation des semis des carottes. Par exemple, favoriser les semis très précoces au printemps avec des variétés hâtives qui échapperaient au vol de fin avril-début mai. Une autre fenêtre libre de mouche existerait pendant l'été, trop chaud pour la mouche, jusqu'en septembre. Ensuite, il ne faut pas laisser trainer en terre les racines mais plutôt les ensiler. Tout cela reste à confirmer en fonction de données réelles sur les périodes de vols dans le jardin.

2. Usage de substances répulsives : il s'agirait de masquer l'odeur de la carotte avec des plantes ou des matières organiques très odorantes. Des plantations à proximité des carottes (romarin, tanaisie, alliacées, etc) , des pulvérisations (avec de la poudre de plants, du marc de café, des pelures d'oignon, du jus de tabac), des arrosages (avec des infusions des plantes citées). Les applications doivent se faire plusieurs fois par semaine pour rester efficaces.
D'ailleurs, l'efficacité de la méthode de culture associée carotte-oignon reste évidente pour certains, mais, sur les quelques rapports d'expérimentation que j'ai pu trouver, l'effet de l'association reste léger. En plus, je trouve la conduite de la culture associée carotte-oignon un peu complexe, notamment avec des espèces avec des tempéraments tellement différents (c'est déjà mieux avec poireaux-carottes).
[D'un autre coté, les fumiers et purins d'ortie semblent avoir un pouvoir attractif des mouches, ils sont à éviter]

3. Pose d'un filet anti-insectes horizontal : il s'agit de créer une barrière physique protégeant les carottes des mouches. Le tissu utilisé est similaire à celui qui sert à la protection des arbres et arbustes en hiver (non tissé blanc P17). Les résultats de l'expérimentation sont mitigés : pas d'attaques de mouches mais un micro-climat chaud et humide est créé au niveau du sol et des feuilles, le nombre de racines petites, fourchues ou malades augmente par rapport à une culture non couverte.

4. Pose d'un filet anti-insectes vertical : les mouches volant assez bas (au ras des pâquerettes :-), une barrière verticale est difficilement surmontable. Le souci est la mise en place hermétique de la barrière d'au moins 60 cm de hauteur et que sera sans doute modifiée par le vent et la pluie. Les résultats d'expérimentations en grande culture n'ont pas abouti, je suppose que c'est plus gérable pour un potager. Pour un potager du weekend (éventuellement du mercredi), la mise en ouevre est possible mais sans doute imparfaite.

5. Traitement chimique ciblé : traitement au pyrèthre près des feuilles et du col de la racine, tous les 10 jours pendant la période de vol à partir d'un certain seuil d'infestation (1-3 mouches par semaine sur des pièges dans le cas de cultures commerciales). Compte-tenu de l'efficacité relative des insecticides bio, il faut s'attendre à des résultats modérés (et des dégâts sur la biodiversité du jardin).

6. Utilisation de variétés résistantes : c'est le cas de la F1 Flyaway, de type nantaise.


Dans tous les cas, une connaissance des périodes de vol sera bénéfique pour cibler les périodes de protection ou de traitement car nous avons vu qu'elles ne sont pas sans risque pour notre culture.

Deux méthodes possibles :

  • Utilisation de pièges en carton jaune englué posés au ras des feuilles des plants (à relever en fonction de l'avancement de la culture). L'identification des mouches peut être faite à l'aide des images disponibles sur Internet, à mon avis ça ne doit pas être si facile que ça ...
  • Utilisation de modèles de prévision de nombre de vols basés sur les conditions de température de l'aire, du sol et de la vitesse du vent. C'est le cas du modèle SWAT qui se présente sous forme d'un logiciel très sympa ... et entièrement en allemand :-P En fait, même si je ne parle pas un mot de la langue de Goethe, la principale difficulté réside dans la collecte (plus ou moins) journalière des données et dans la validation du modèle pour le Midi de la France (ça semble bien fonctionner pour la Charente). Ce logiciel propose aussi des modèles sur les mouches de l'oignon et du chou.

Certains organismes agricoles produisent des bulletins sur l'activité de ces ravageurs dans une région donnée. Je n'ai rien trouvé sur internet concernant la mouche de la carotte en Languedoc-Roussillon (ce n'est pas un grand bassin de production de carottes par rapport à l'ouest et au nord de la France). J'ai vu un site sur la Haute-Garonne qui pourrait être plus ou moins utilisé comme tendence (précaution).

Conclusion

Je vais privilégier une rotation mieux adaptée aux vols, la récolte groupé et l'ensilage, et l'application de pyrèthre en cas de forte attaque. J'ai des pièges à phéromones que je pourrais tester afin de suivre la densité de vols avec 2 ou 3 pièges repartis dans autant de planches de carottes dans le potager.

Pour mes tout prochain semis de carottes, j'ai de la carotte "Amsterdam" (une nouveaté pour mois) et "Nantaise" en attente, assez hatives pour les récolter fin mai (Inch Allah :-).

2 commentaires:

Linda a dit…

How frustrating - and alarming - to have a carrot fly attack in the winter. I have hesitated to grow carrots until now, as all the anti-carrot fly measures one has to take put me off. But there's nothing to match the taste of a freshly pulled carrot, so perhaps I'll give it a try.

Rafael a dit…

Yes, Climate Change is already there :-(
About carrots, I think that sowing early in spring a variety like Amsterdam in a good soil (rich enough) you should harvest before fly attacks. As you say, nothing to see with supermarket carrots !
Well, I will try those protection measures and we will see if that works here ...